Architecture interne

Architecture interne, 2016

Cubes de polystyrène
80 x 40 x 60 cm

Légendes documents

D1 : Dessin d’une oreille interne, organe dont les trois canaux semi-circulaires forment une boucle responsable de la perception des positions angulaires de la tête pour chacun des trois axes avant-arrière, haut-bas, droite-gauche, permettant aux vertébrés de trouver leur équilibre


En tant que vertébrés, nous devons notre sens de l’équilibre à notre oreille interne, un organe aux circonvolutions moles qui nous permet de situer un haut et un bas, un devant et un derrière, et d’ajuster notre centre de gravité pour tenir debout. A chaque fois que notre regard se porte sur le monde, c’est pour y chercher d’abord une ligne d’horizon et les verticales qui confortent sa position. Cette nécessité conduit l’homme à produire des objets qui adoptent bien souvent la forme du rectangle ou de la grille.

A l’échelle de l’architecture les angles droits constituent autant de tuteurs visuels pour nous accompagner dans nos déplacements. Les systèmes orthonormés que l’on trace sur papier millimétré n’ont pas d’autre origine. En somme, rien de rationnel dans le carré. Notre goût des perpendiculaires trouve son fondement dans notre corps. Elles nous permettent simplement de nous repérer pour pouvoir nous déplacer, que ce soit dans le monde physique ou dans celui des idées.

Pourtant l‘angle droit, incarné par les figures du cube, du carré ou de la grille suffit à invoquer l’instance de la raison et intimer au sérieux. Pour les physiciens de l’antiquité grecque les solides réguliers comme le cube représentaient la part rationnelle des esprits qui les étudiaient. Ces polyèdres incarnaient le renouveau de la raison pour les architectes renaissants et la mise au carré des structures sociales au siècle des Lumières. Avec modernité industrielle, l’angle droit allait devenir le symbole de la rationalisation.

En faisant appel à la légèreté du polystyrène, Architecture interne donne corps à ce paradoxe. Constituée d’un assemblage de cubes de polystyrène figurant une oreille interne, elle cherche à diminuer le poids que l’histoire a pu accorder à la prétendue rationalité de cette figure géométrique.