Paysages de données
Projections et mise en axes du points de vue
Qu’il s’agisse de figurer des paramètres sonores, des intensités lumineuses ou des données chiffrées de n’importe quel ordre, l’imagerie numérique déploie de nombreux graphiques sous forme de paysages abstraits. Simples repères orthonormés déployés sur l’horizon des abscisses ou véritables paysages filaires, ces représentations entendent faciliter la compulsion et la manipulation de quantités abstraites en partant de notre subjectivité corporelle.
Habitués à évoluer dans un espace tridimensionnel, nous pouvons ainsi déambuler plus aisément dans un monde de données impalpables. Les axes de notre subjectivité structurent ces représentations graphiques qui s’inscrivent de plein pied dans l’histoire du regard qu’induit la tradition du paysage.
Ces images structurées autour de la mise en scène du point de vue dessinent des perspectives d’actions qui invitent à la projection, exerçant sur leurs usagers une fascination qui excède souvent leur seul intérêt pratique. Conçues pour agir sur des données, qui permettent d’agir sur le réel, elles peuvent ainsi faire écran. En plaçant l’observateur au centre d’une réalité secondaire, elles tendent à se substituer aux réalités représentées, occasionnant des prises de décision dont les conséquences sont parfois bien réelles.