Géometries de la pensée
Des phénomènes physiques aux phénomènes psychiques
Les schémas, comme toutes les images destinées à figurer des relations logiques, des systèmes de pensée ou à modéliser des phénomènes, supposent à la fois une distanciation intellectuelle et une adhésion émotionnelle, un recul conceptuel et une attirance esthétique, oscillant entre deux pôles du comportement psychique. L’attrait subjectif qu’ils exercent stimule la recherche d’objectivité.
Cette ambivalence se traduit au cours de l’histoire par des transferts constants entre les représentations que l’on se fait des forces régissant le monde extérieur et le monde intérieur, entre les structures du macrocosme et du microcosme. Les dispositions formelles des premiers schémas scientifiques trouvent ainsi leurs origines dans le symbolisme religieux. Inversement, les modèles graphiques inventés pour décrire les phénomènes physiques sont employés pour figurer les manifestations psychiques.
Les découvertes dans les champs des mathématiques, de la physique ou de la biologie donnent ainsi naissance à différentes représentations de la pensée, qu’elle soit issue d’un pur esprit ou d’un sujet incarné, figurations qui se superposent dans le temps et dont l’imaginaire contemporain laisse affleurer les différentes strates.